Allan Vermeer ou l'Apollon des bacs à sable


    En résumé:                                        

 Ville d’origine :   Le Tréport
 Signe du zodiaque :  Sagittaire
 Plat préféré :   Chirashi
 Lève-tôt ou oiseau de nuit :   Lève-tôt et oiseau de nuit
 Réseaux sociaux utilisés :   Facebook, Instagram
 La chanson que vous écoutez en boucle en ce moment :    Va piano, de Hervé
 Citation préférée :    “Te raconter aussi qu’il faut aimer la vie, et l’aimer même si...” (Renaud)
 Votre super talent/pouvoir :   Aucun
   
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Bonjour Allan.
Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions pour le blog.
Vous êtes auteur-compositeur-interprète français, vous avez déjà sorti deux albums et vous venez de finir votre prochain EP - "Apollon des Bacs à Sable", qui sortira le 12 juin. Vous dites de cet album qu’il n'était pas prévu mais plutôt qu’il s’est imposé à vous. Qu'avez-vous ressenti quand vous avez su que cet album devait être créé ?
Je n’y croyais pas vraiment au début, les chansons sont arrivées étrangement, vite, assez simplement. Pour la première d’entre elles, je suis resté plusieurs jours assis par terre au milieu du salon, chez moi, entouré de mon clavier, de quelques notes, de mon ordi. Il y avait comme une sorte d’urgence d’écrire de peur de me réveiller de nouveau sans inspiration le lendemain, mais aussi de fluidité complètement déconnectée du temps. J’ai adoré ce moment. Un moment qui aura duré trois mois au final... L’idée d’en faire un album ne m’a probablement jamais quitté pendant la création, à partir de la troisième ou de la quatrième chanson, mais toujours avec ce sentiment de “trop beau pour être vrai”. C’est lorsque j’ai écouté la dernière maquette que je me suis rendu compte qu’il s’était passé quelque chose.


Apollon des Bacs à Sable - c'est une belle allégorie d'une figure brillante mais fragile, qui peut souvent être la vie d'un artiste. Qu'est-ce qui vous fait vous sentir fort et faible en tant qu'artiste?
Je ne me sens ni fort, ni faible, à vrai dire, mais avec le temps je suis de plus en plus à l’aise avec mes atouts et mes lacunes. Je ne sais pas si les “vies d’artistes” sont comparables les unes aux autres, mais peut-être que la capacité à piocher dans le triste, le beau, le sale, le vrai, le faux... la manière de faire le tri entre tout ça et d’y trouver l’équilibre fait la singularité de chaque artiste. Ma faiblesse à moi, c’est la peur- de ne pas savoir l’affronter -, ma force serait peut-être de la connaître. Comment se passe le processus de création pour vous et qu'est-ce qui vous inspire pour écrire de la musique ?

Je n’ai pas besoin de conditions particulières, si ce n’est être au calme, et être calme. La musique arrive d’un coup ou n’arrive pas chez moi. La sensation de perdre du temps me braque, m’immobilise. Si je n’ai pas composé un couplet, un refrain, une ligne de mélodie en quelques minutes, généralement je ferme la fenêtre et clique sur “quitter sans enregistrer”. Pour le texte c’est presque pareil, même si j’abandonne plus rarement, parce que j’ai quelque chose à dire lorsque je commence. Je peux passer deux mois à écrire trois lignes, ou dix minutes à écrire deux pages.

Vous avez dédié la chanson "La mer juste à quatre minutes" à votre grand-père, qui vous a appris l'art de la poésie. Quel est le souvenir auquel vous pensez quand vous chantez cette chanson ? Dès les premières notes de cette chanson, j’ai su que ce serait la sienne. Ce n’était pas prévu, encore une fois, mais je le sentais là. Il m’a appris la musique quand j’étais enfant, nous avons passé de longues heures lui et moi au piano ou à travailler le solfège. Même si, malgré ça, je n’ai jamais su devenir bon pianiste, mes mains étaient comme dirigées sur le clavier quand j’ai composé ce titre, ce soir-là vingt ans plus tard. Ça a dû commencer par “Il est pas mal cet accord, il aurait été fier” et lorsque j’ai commencé à écrire les paroles, je voulais juste le revoir et qu’il entende. Je crois qu’il était là, du moins je l’ai vu, devant sa fenêtre.


Avez-vous une histoire pendant la création de votre album ou du premier clip à nous rencontrer ?  
   Tout était prévu depuis le mois de février pour le clip et le tournage était fixé au 6 avril... mais dans une boîte de nuit, avec figurants collés-serrés, des baisers, des scènes à plusieurs dans des endroits exigus... autant dire pas trop compatible avec le virus, chaque idée que nous avions eue était d’ailleurs incompatible ! Il est donc reporté, pour l’instant à la fin juin, mais le scénario sera sûrement adapté, et probablement même réécrit en fonction de cette période.

Vous êtes un vrai artisan de la musique française. Vous produisez tout vous-même sans maison de disque ni producteur, mais avec l'aide de vos fans. Pourquoi avez-vous choisi cette manière de produire vos albums ?

   Je dois avouer que je suis assez intransigeant, têtu, obstiné à l’extrême et que j’ai toujours avancé en autodidacte par rapport à mes besoins ou aux besoins de mes projets. Ce que je crée est très personnel et j’ai du mal à laisser d’autres personnes moduler le fruit de ce travail et ces inspirations intimes pour faire rentrer tout ça dans des moules plus ou moins étroits, aux formes bizarres correspondant au marketing du moment ou à l’image parfaitement lissée qu’il faudrait renvoyer. Il faudrait que j’apprenne... mais j’ai encore besoin de choisir mes visuels, mes mots, mes sons et de définir moi même la finalité de mes projets pour me sentir à ma place. Cette liberté est animale chez moi, si je n’en dispose plus ou qu’à moitié, je me renferme et plus rien ne sort. Pour le public, les personnes qui m’accompagnent, j’ai la chance d’avoir une relation très privilégiée avec eux. Nous ne formons qu’un dans les projets, qui sont aussi les leurs, puisqu’ils me suivent pour nombre d’entre eux depuis plus de quinze ans.




Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu jusqu'à présent pour faire de la musique?

“Fais toi confiance” c’est le conseil que j’ai le plus entendu, certainement le plus précieux et le plus bienveillant. Mais je suis loin du but.

À un moment de votre carrière, vous avez également été chanteur de rue, y compris dans le métro parisien. Quels conseils donneriez-vous aux gens qui sont des artistes de rue, des chanteurs ou simplement des gens qui aimeraient être des artistes mais qui ne savent pas comment s'y prendre en ce moment? Ces années ont été très formatrices. J’ai effectivement commencé à chanter dans la rue, ma petite sono branchée chez un marchand de glaces sur la plage d’une ville qui s'appelle Le Tréport. Là-bas je me suis constitué mon répertoire d’interprète, mais j’ai aussi appris à “me montrer”, à comprendre et appréhender les réactions du public à nu, sans maquillage, sans projecteur, sans scène, au chapeau. Puis il y a eu la télé, la médiatisation, j’ai dû m’installer à Paris, mais je ne me sentais pas encore prêt. Mon marchand de glace étant trop loin, j’ai chanté a capella dans le métro, comme au Tréport (mais sans musique), au chapeau. Des passagers qui m’avaient vu sur France 2 pendant le week-end s’étonnaient de me voir faire la manche, mais je ressentais encore le besoin de me former à leur réactions, de voir au plus près ce que je pouvais travailler pour m’améliorer. Par la suite j’ai chanté dans les cabarets parisiens, dans lesquels les réactions côté public prennent là-aussi toute la place, puis j’ai intégré une école trois ans ensuite. Mon conseil serait donc celui-ci : prendre le temps d’apprendre, de se confronter à différents types de scènes, aussi difficiles soient-elles, d’essayer de mieux se connaître au sein de publics exigeants. Prendre quelques beignes quand il le faut, se faire plaisir... Se faire du bien à chanter est la clé.


Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont le confinement vous a affecté ? Est-ce que c'était pour vous une bonne période pour être créatif et écrire de nouveaux albums ou voyez-vous cela comme un plus grand défi pour vous et les artistes ?

Le plus gros défi de ce confinement aura sans doute été l’annulation des dates pour plusieurs mois. Professionnellement déjà, mais surtout cela crée un vide si la scène est une drogue, comme pour moi... ma drogue douce ; je fais une centaine de concerts par an, c’est devenu mon exutoire, mon espace de liberté - puisque le reste du temps je travaille sans relâche sur leur organisation. Ce manque était trop fort et anxiogène, notamment le premier jour du confinement où j’ai perdu une dizaine de contrat en un après-midi. Mais une fois la sidération de l’ampleur de l'épidémie passée, j’y ai trouvé tout de même une sorte de réconfort, écologique, humaniste, mais aussi artistique... dans ce “printemps offert”. Je n’ai pas beaucoup créé, probablement parce que je me suis dit que c’était le moment idéal. J’ai tout de même écrit une chanson à ce sujet qui sortira sur l’album physique à l’automne. Elle s’appelle “le sens de la fête”.  À côté de ça, j’ai enregistré chaque jour une chanson live dans mon studio que je publiais le soir sur ma page Facebook. Je ne m’attendais pas à ce que cela dure cinquante-cinq jours au début, mais j’ai retrouvé ces émotions du Tréport, du métro. Les réseaux sociaux m’ont permis de dé-confiner ma musique, à défaut de mon corps, et ce rendez-vous a été bien suivi, c’était un moteur, toujours plus puissant. Chaque soir j’avais le trac, chaque matin je lisais les réactions, je m’en nourrissais comme je me nourris de la scène habituellement. Finalement, avec ces plus de 200.000 vues, j’ai fait l’équivalent d’une tournée, sans quitter mon studio, et j’ai tissé un lien encore plus fort avec mon public de toujours, mais aussi avec de nombreux nouveaux curieux. Défi relevé, donc, mais vivement la scène, en vrai, et la fin de tout ça.


Nous sommes maintenant au mois de juin et dans le monde entier, c'est le moment où des défilés de la fierté et d'autres événements sont organisés pour demander ou célébrer la tolérance. Que diriez-vous à ces gens ? Je pense aussi à votre chanson "Un souvenir de lui" qui raconte une histoire de cette lutte.


Je leur dirais simplement, puisqu’on parle de fierté, d’être fiers de qui ils sont, c’est ce que devrait se dire chaque personne. Hétéro, lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexe, assimilées, jeunes, vieux, petits, grands, chauves, blancs, noirs de peau… Je n’ai jamais pu comprendre comment on pouvait décréter avoir plus ou moins de droits que son voisin, humain comme tous. Je repense à la manif pour tous qui m’avait glacé, tellement déçu et replié, abîmé dans ma vision des terriens... Je suis naïf, mais pour moi il n’y a pas de différence plus ou moins acceptable et, même si la marche des fiertés est aussi une fête, dans l’utopie d’un monde qui se voudrait idéal, nous ne devrions pas avoir besoin de clamer la différence dans le but de ne pas être considérés comme différents. Différents, nous le sommes tous, et c’est là la beauté, la mixité du Monde.

Savez-vous quand vous pourrez retrouver vos fans sur la scène, avez-vous des événements prévus et que pouvons-nous attendre de vous après la sortie de l'album?

Je sais que ce sera bientôt, et que ce sera merveilleux. C’est tout ce que je sais pour l’instant, il est encore un peu tôt... Des projets je n’en manque pas, je suis en résidence pour le nouveau concert “Apollon” depuis hier mardi 2 juin. C’est une étape importante pour moi, car même si j’ai aimé créer ces chansons dans mon cocon, c’était avant tout pour les chanter un jour sur scène. J’ai hâte. Vraiment hâte. Tellement hâte...



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Commentaires

  1. Merci pour ce bel article ! Quel talent(s), nous avons hâtes... Gros bisous de Michèle des bateaux.

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  2. La sincérité est la plus belle des motivations, c'est elle qui vous mènera toujours au plus près du cœur des personnes qui vous aiment, et de celles qui ne demandent qu'à vous connaître, lors de vos déplacements.

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