Judith
Bonjour Judith,
Merci d'avoir accepté de répondre à mes questions pour le blog. Vous êtes un auteur-compositrice-interprète française et guitariste et vous avez déjà 2 albums - “Si l’on s’en souvient” et “Tombé du lit”.
Vous avez commencé votre carrière en 2006 mais vous saviez que vous vouliez chanter à l'âge de 8 ans. Quels ont été les principaux jalons depuis cet âge pour vous jusqu’à votre premier album ?
Bonjour tout le monde, merci pour cette interview 🙂 Je me souviens avoir commencé à prendre des cours de chant vers l’âge de 8,9 ans. Avoir participé à quelques concours amateurs, puis la première étape décisive a été la Star Academy à l’âge de 16 ans. Tout s’est enchaîné ensuite, rapidement.
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| Judith | Si l'on s'en souvient | 2011 |
Écrire de la musique pour vous ressemble à un processus thérapeutique et les concerts à une thérapie de groupe. Comment ce processus psychologique et créatif profond se passe-t-il pour vous? Vos fans vous disent-ils parfois qu'ils ont surmonté une période difficile grâce à votre musique ?
Il m’est arrivé en effet d’avoir des témoignages de gens qui me disaient que ma musique les avait accompagnés dans des moments clés de leur vie. C’est à chaque fois très touchant. Je n’ai pas écrit de chanson depuis un moment, mais je me souviens que les choses me venaient très spontanément. Un peu comme par « magie ». C’est ce que l’on appelle la muse, l’inspiration à mon sens. Quelque chose qui nous échappe, et dont nous ne sommes pas maîtres …
Avez-vous déjà écrit ou composé pour d’autres artistes?
Oui j’ai écrit plusieurs morceaux avec John Mamann qui travaille régulièrement avec de jeunes artistes. On a fait quelques sessions ensemble, lui à la guitare, moi au stylo. Puis à distance aussi. Un morceau que j’adore et qu’il a gardé pour lui, « Roi de France ».
Vous avez participé au projet “Génération Goldman" où vous avez interprété la chanson " On ira” avec Florent Mothe et “Sache que je”. Quels sont vos chanteurs préférés de la chanson française ?
Je suis une inconditionnelle de Barbara pour les défunts, Zazie pour les vivants. J’ai grandit bercée par Aznavour, Cabrel, Souchon et Maxime le Forestier, Les Innocents, et le regretté Nilda Fernandez. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour des artistes comme Mylène Farmer, mais aussi Carla Bruni. Globalement, des auteur-compositeurs à l’univers unique.
Vous dites que vos chansons montrent une partie de vous et qu'elles vous ressemblent. Est-ce toujours vrai, quelques années après vos albums ? Y a-t-il des chansons qui ne vous ressemblent plus ?
Je crois que plus une ne me ressemble vraiment (rires). Mais elles correspondent toutes à quelque chose de mon passé et qui ne touche. C’est comme une vieille photo que l’on prendrait plaisir à regarder encore et encore. Pas tous les jours, mais de temps en temps… Comme une madeleine de Proust. Avec une affection particulière pour la chanson « les vieilles choses » dans mon deuxième album.
Vous avez plusieurs chansons sur l'amour, toutes très belles mais pas trop joyeuses, par exemple “Badabum” et “Te passe pas de moi”. Quelle est votre vision de l'amour aujourd'hui?
Ma vision de l’amour ? Il va falloir quelques pages pour développer cela (rires). Non, en vérité je pense que l’amour est la chose la plus simple qui soit. C’est souvent nous qui rendons le tout compliqué. De par nos peurs, nos passés respectifs, et nos idéaux. Il faut apprendre à faire simple, à se connecter avant toute chose à ce que l’on ressent au contact de l’autre et avancer avec cela. Je pense qu’il n’y a pas de recette, aucune, mais que l’amour demande un peu de courage. C’est à chacun d’assumer ce qu’il a envie de vivre et d’en prendre le risque.
Au cours de votre carrière musicale, vous étudiez également le droit. Avez-vous utilisé vos connaissances en droit dans votre carrière? Les droits d'auteur sur internet par exemple... Ou avez-vous utilisé vos connaissances musicales à la faculté de droit?
Ah ah ! Non je n’ai pas utilisé la musique à la faculté de droit. En revanche, mes études de droit ont permis à mon écriture de se structurer. J’ai commencé à bien écrire à mon sens, en marge de mes cas pratiques et commentaires d’arrêts. Je ne sais pas trop comment cela se fait… le cadre intransigeant de ces exercices que l’on répétait m’a donné comme une méthodologie inconsciente d’écriture.
Vous évoquez souvent les difficultés que rencontrent les jeunes artistes dans le monde de la musique aujourd'hui. Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui n'en est qu'au début de son écriture ?
J’ai quitté le milieu courant 2014, sans être complètement larguée je pense que je ne suis plus vraiment à jour concernant ce que c’est devenu. Si l’on doit parler de création, je conseillerai simplement de créer, de le faire et d’aller au bout sans trop y réfléchir. Autrement on ne fait rien. Accepter l’imperfection, le perfectible toujours, et voir cela comme un chemin de vie où l’on progresse sans cesse. Je ne suis pas sûre que l’on naisse artiste, je pense qu’on le devient en travaillant. « Le talent c’est l’envie » disait Brel, et oui, quelque part dans un premier temps, je pense que l’envie suffit et qu’elle peut déjà nous emmener très loin. C’est sûrement l’envie ou son manque qui font que certains percent et d’autres non, que certains continuent et d’autres arrêtent. Je conseillerai surtout de ne pas trop s’identifier à ce que l’on fait, car c’est un risque du métier et que pourtant, rien de ce que l’on y fera ne suffira à nous définir. Ayez une vie, en dehors de la musique 🙂
Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu jusqu'à présent pour faire de la musique?
Là, je sèche 😂
Quels sont vos meilleurs passe-temps ou activités en dehors de la musique maintenant pour vous?
La musique a pris une place secondaire dans ma vie. J’ai eu un électrochoc lors des attentats du Bataclan, j’ai eu l’impression de m’être complètement trompée de voie. Et qu’il fallait à tout prix que je trouve comment « aider les autres ». C’est devenu comme une obsession, je me disais que si ma vie, qui n’est qu’un passage sur cette terre, ne servait pas mieux aux autres, alors elle ne servirait à rien. J’ai changé beaucoup, dans mes intérêts, ma façon de penser. J’ai voyagé, j’ai changé de pays. Aujourd’hui je commence enfin à réaliser ce rêve ci, celui de m’occuper des autres, à travers les pratiques du Reiki, du Shiatsu et de la Médecine Chinoise. J’apprends l’acupuncture, je rencontre des gens formidables chaque jour et j’essaie de leur apporter un peu de lumière au quotidien. Je pense que la vie est une machine à réaliser les rêves, les uns après les autres. La musique reviendra peut-être avec plus de force un jour, la porte est ouverte. Aujourd’hui cependant, j’ai l’envie d’autres choses …
Comment avez-vous vécu la période de la pandémie ? Était-ce une période créative pour vous ?
Le premier confinement était très intéressant. Flippant mais intéressant en même temps. Je me suis mise à la couture ( un autre rêve !), j’ai beaucoup cuisiné, j’en garde un bon souvenir. Le deuxième j’y ai presque échappé car je voyageais dans un pays vert. Quant au troisième, il m’a tout bonnement tapé sur le système ! Rires. Je n’ai pas réussi à en faire quelque chose de bien, j’ai pris sur moi.
Depuis votre dernier album, vos fans sont probablement un peu avides de nouvelles musiques de votre part. Envisagez-vous de réaliser de nouveaux projets prochainement ?
Comme je l’ai dit, la musique n’a plus la même place dans ma vie qu’avant. Je crée toujours, mais je crée différemment, pas forcément de la musique. Je chante toujours, mais majoritairement pour moi ou entre amis. J’écris beaucoup. Je n’ai jamais cessé d’écrire. J’ai presqu’envie de vous dire que la suite n’est pas dans mes mains..! Ce qui est certain c’est que j’ai beaucoup de reconnaissance pour tous les gens qui m’ont aidée à réaliser ce rêve d’enfant qui était de chanter et de créer des chansons. Beaucoup de reconnaissance pour ceux qui m’ont soutenue et me soutiennent encore. Même s’il m’a fallu quelques temps pour digérer ces huit et intenses années de carrière, tout cela m’a remplie de confiance en moi, en les autres, en la vie. Merci 🙂
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