Antoine Hénaut




    En résumé:                                        


 Ville d’origine :  Onnezies (Petit village de la commune de Honnelles pas loin de la frontière Française).
 Signe du zodiaque :  Lion
 Plat préféré :  La ratatouille de chicons : Spécialité de ma mère (Pommes de terre, viande hachée, chicons (Endives) et beaucoup de beurre que je rajoute par dessus, c’est le secret !)
 Lève-tôt ou oiseau de nuit :   Oiseau de nuit, chauve-souris de jour.
 Réseaux sociaux utilisés :   Epoque oblige, Facebook et Instagram mais mes préférés restent de loin leurs ancêtres, les bons vieux bistrots !
 La chanson que vous écoutez en boucle en ce moment :   « Bon anniversaire » de Bénabar.
 Citation préférée :   Qu’y a t-’il de mieux que d’avoir déjà vécu le pire.
 Votre super talent/pouvoir :   Rire de moi
   
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   Bonjour Antoine!
   Merci d'avoir accepté à participer au blog !   Vous êtes un auteur, compositeur,  interprète  belge. Vous avez déjà 3 albums - "Quelqu'un de bien", "36 000 ", "Poupée Vaudou" et votre quatrième album “Par défaut” qui est sorti en 2020. Comment décririez-vous ce nouvel album et pourquoi vous avez choisi ce titre?

   Il s’agit en fait de mon troisième album car le premier était un EP de 4 titres. Pour le titre « Par défaut » c’est venu assez  naturellement comme le reste de l’album d’ailleurs et ça a pour moi plusieurs sens. Notamment  par rapport à son coté “brut de décoffrage” ainsi qu’à celui des personnages que l’on peut y trouver. Le coté tel quel, on est comme on est, ce titre parle aussi d’une certaine musique et écriture à laquelle je voulais revenir et qui fait un peu partie de mes gènes et influences.  Il y a aussi le coté :  « Quand on achète quelque chose aujourd’hui notamment un appareil quel qu’il soit, on le reçoit réglé par défaut avec « Les paramètres d’usine » et ensuite on les règle à sa sauce » C’est aussi un peu la même idée, voici les chansons et la musique que je propose sorties de mon atelier, à vous de vous les approprier comme vous le souhaitez et de les écouter au volume que vous voulez en choisissant la piste que vous préférez en interprétant les chansons à votre manière. Ou de ne pas écouter l’album du tout et de vous en servir comme sous verre, ça marche aussi. Sans renier loin de là mes deux premiers albums, je pense que ce titre « Par défaut » est aussi une manière de prendre un nouveau départ par rapport au deux précédents, une manière de changer de direction, de dire ça n’est plus par là que je veux aller mais plutôt revenir à mes débuts vers une chanson française plus nature avec moins de fioritures modernes mais plutôt à l’ancienne, la chanson que j’écouterais moi -même en temps que public, les chansonnettes que j’écrivais naÏvemment dans ma chambre d’ado avec mon petit vocabulaire avant même d’être signé dans un Label, un retour aux  sources, une sincérité avec soi et du coup aussi avec les autres, une voix qui nous dit : « Tu auras essayé de faire autre chose pour sortir de ta zone de confort et éventuellement passer à la radio, mais il n’y a rien à faire c’est pour ce style de chansons que tu es le plus doué et que tu prends le plus de plaisir à écrire et à jouer ». Chassez le naturel et il revient au galop comme on dit. Je ne chante d’ailleurs plus sur scène que les morceaux qui me plaisent sur le moment, sans plus me dire il faut absolument faire celle -là même si tu l’as faite mille fois car elle est passée en radio à l’époque, en effet c’était une époque et maintenant c’en est une autre. J’ai de plus en plus de mal avec la technologie en général mais aussi dans la musique qui avec elle, change les mentalités. Je rêve d’un droit à l’errance, une espèce de pause pendant 50 ans voir 100 ans où l’on se contenterait d’une technologie suffisante, nécessaire, appropriée et qui fonctionne ! J’aurais préféré que nous ayons encore en 2020 des lecteurs CD dans nos voitures plutôt que des clés USB. J’aurais même préféré qu’on n’en soit pas encore à la voiture, pour ma part je préfère la marche le vélo et les chevaux tout comme je préfère les vynils aux cd mais bon… Une pause où les nouvelles trouvailles de nos scientifiques, ingénieurs, designers et j’en passe, seraient mises dans des tiroirs pour la postérité, sauf peut-être en matière de trouvailles médicales qui sont généralement dans l’intérêt du bien commun. Ça nous réapprendrait peut-être à prendre soin des choses. C’est peut-être pour ça que je préfère les chansons vieillottes, elles me donnent l’illusion d’être dans un autre siècle où je me sens bien et ça me rassure.

Antoine Hénaut - Par defaut
Antoine Hénaut  Par defaut  2019

   Au début de votre vie artistique vous avez fait partie d'un cirque. Est-ce que cela vous a aidé à trouver votre attraction pour la scène, la musique, l'art et vos talents artistiques?
   Oui clairement,  le fait que mes parents aient créé une école de cirque il y a plus de trente ans maintenant a fait que j’ai grandi dans le milieu du spectacle et je les en remercies. Ca m’a donné l’envie de ne jamais quitter la scène, ce qui semble être encore mon métier aujourd’hui, cela fait maintenant plus de dix ans que je survis de la scène.

   Sur cet album, vous avez beaucoup de chansons que vous avez écrites au fil du temps mais que vous n'avez jamais publiées auparavant. Pourquoi avez-vous décidé de les faire vivre publiquement maintenant?
   Bizarrement on aurait tendance à croire que c’est à nos débuts qu’on est le plus soi-même, le plus authentique et qu’on s’en éloigne au fil du temps. Moi c’est plutôt l’inverse, au plus j’avance et au plus j’ai l’impression de devenir ce que je suis vraiment, et je ne pense pas encore aujourd’hui m’être découvert à cent pour cent. Heureusement car sans ça la vie serait peut-être un peu trop monotone. Je me cherche toujours tel que je suis dans ce que je fais, c’est parfois naturel et parfois un challenge.  Ca se sent peut-être dans les chansons que je propose aujourd’hui, moins formatées radio comme j’ai pu le faire à l’époque, pour me faire plus facilement une place de bon élève (ce que je ne suis pas) au sein d’un Label, d’une maison de disque et  du coup des radios. Je pense que par rapport à mon jeune âge et à mon manque d’expérience je n’ai pas osé faire de forcing auprès de mon Label avec mes vieux morceaux. Aujourd’hui avec l’âge et l’expérience j’en suis plus capable. On a d’ailleurs très justement qualifié mon album de « Loin du buzz près du coeur » et c’est surtout ça que je cherche aujourd’hui, une authenticité une sincérité et une envie de faire les choses plus pour moi que pour les autres. Même si c’est à plus petite échelle, (car qui dit pas de radio en haute rotation, dit moins de concerts et de visibilité) mais ça me va très bien. Je préfère faire les choses en petit mais plus longtemps et moins loin mais plus souvent. Je sors ces chansons aujourd’hui comme une manière de dire c’est ça que moi je veux et il est grand temps que je le fasse, même si je me trompe avec les autres je ne me serai pas trompé avec moi et c’est vraiment ça qui compte dans le fond. D’autres vieilles chansons que je peaufine et qui de justesse ne ce sont pas retrouvées sur cet album par manque de place, dorment depuis des années et je compte bien les sortir un jour aussi, c’est aussi une manière de m’en débarrasser pour passer à d’autres, qu’elles ne m’appartiennent plus et ne me hantent plus en quelque sorte.
   Il me semble que dans vos albums il y a toujours des chansons qui ont ce sentiment de "joie de vivre", est-ce quelque chose que vous ressentez aussi dans votre vie quotidienne? Philosophie de vie? Ou est-ce peut-être juste votre côté belge?
   Tout comme mon père l’était, je suis plutôt de nature hédoniste et considère plus la vie comme une bonne blague dont il faut rire et profiter tous les jours. Aussi égoïstement qu’en la partageant, c’est un juste milieu à trouver pour être heureux selon moi. Ayant vécu d’emblée une tragédie assez jeune quand j’avais 15 ans, à savoir la perte de mon grand frère quasiment sous mes yeux, je sais qu’on peut mourir demain. Même nos plus grands héros que l’on croyait immortels. 
 
   Comment vous sentez-vous sur la scène vu que vous êtes agoraphobe, ce qui concerne peut-être aussi d'autres artistes,  est-ce encore difficile pour vous ou avez-vous appris une astuce pour gérer cela?
   Le fait de faire de la scène m’exorcise à chaque concert un peu plus. Au même titre que l’écriture est pour moi une thérapie, la scène en est le traitement. 
   Avez-vous un lieu de performance préféré en Belgique?
   Les bistrots ou autres petits lieux où j’ai affaire à un public de plain- pied et de proximité, et où les gens peuvent boire un coup pendant, voire après le concert avec moi pour discuter. Je préfère jouer milles fois devant dix personnes que dix fois devant mille. J’aime aussi les plus grands endroits mais préfère les concerts intimistes.
 


   Quels conseils donneriez-vous aux autres artistes qui commencent tout juste à faire de la musique ou à y penser?
   Je leur dirais que s’ils ont l’opportunité un jour de travailler avec un gros label ou une grosse maison de disque,  « La première impression est souvent la bonne et il faut en rester maître et l’entretenir » Tout dépend aussi de ce que l’on veut : le succès à n’importe quel prix ou simplement partager, même à plus petite échelle, la musique que l’on entend au fond de nous. Les moyens logistiques dont nous disposons aujourd’hui en home studio nous permettent une auto-production facile ainsi qu’une belle vitrine sur internet, même pour la distribution, ce qui est une manière plus sûre de rester fidèle à ce que l’on veut faire et de garder le contrôle. Certes à une plus petite échelle qu’avec une maison de disque ou un label de renom derrière, mais avec un public sincère qui vous écoute parce qu’il l’a décidé et non par un viol auditif dans sa radio. Les grosses structures sont en général plutôt intéressées par ce que j’appelle les sportifs de la musique en recherche de notoriété. La plupart du temps ils sont uniquement  interprètes, malléables à souhait avec un régime strict et des dents très blanches. Il serait peut-être plus difficile de dire à des auteurs -compositeurs qui ont du caractère et qui ont déjà roulé leur bosse seuls  à travers 10 ans d’expérience (pour ne pas dire galère) sur scène et en studio  « Tu devrais chanter ceci avec un gros beat electro et un auto-tune et t’habiller de telle manière, ça vendra mieux ».  Ce n’est pas nouveau ,ça existe au moins depuis le temps des Beatles et de Salut les copains. Les majors et gros labels attendent en général à la sortie des télés crochets (The voice et compagnie)  les candidats qui rien que par le fait de faire ces émissions manifestent une envie flagrante de percer, et donc de se plier volontiers à leurs désirs pourvu qu’on les voie et qu’on entendent leur vocalises. En gros, au moins vous avez à proposer, si ce n’est une belle voix, voir une belle gueule (ce qui facilite les choses) et au plus ça les intéresse, comme ça, tout est à faire et ce à leur sauce. Je m’emballe un peu mais pour résumer ,en général quand ça vient du coeur on se trompe rarement. Pour ma part j’ai toujours préféré les petits chemins de terre aux autoroutes, le trajet est plus long, plus beau, et au moins on y laisse des traces.

   De quels artistes vous sentez-vous le plus influencé?
   Je suis très bon public et tout ce que j’aime écouter m’influence de près ou de loin. Ils sont nombreux, en majorité en chanson française mais avec des style très différents. Je ne saurais choisir entre Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, Renaud, Boby Lapointe, Bourvil, Charles Trenet, Arno, Dick Annegarn, Jeff Bodart, Alain Bashung, Jacques Dutronc, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Arthur H,  Pierre Barouh, Alain Souchon, Serge Gainsbourg, Nino ferrer, Françoise Hardy, Françoiz Breut,  Lynda Lemay, Jean Leloup, Georges Moustaki, Jean-Louis Murat, Mano Solo, Thomas Fersen, Vincent Delerm, Louis Chédid, Matthieu Chédid , Bénabar, Carla Bruni, Benjamin Biolay, Miossec, Louise attaque, Sanseverino, Philippe Katerine, MC Solar, Emily Loizeau, Camille, An Pierlé, Tom Waits, Leonard Cohen. Et dans les groupes : Les Vendeurs D’enclumes, La Rue Ketanou, Tryo, Les Têtes Raides, Pigalle, Les colocs,  Mickey 3d, Feu! Chatterton, Fauve, Java, Zebda, IAM, Stupeflip, De Staat, Les Négrésses Vertes, Mano Negra, Noir désir, Lofofora et j’en oublie sûrement. Ils forment un peu à eux tous la B.O de ma vie jusqu’ici et font maintenant partie de ma boîte à outils où devrais-je plutôt dire de mon plumier.



   Vous avez collaboré avec le célèbre groupe belge Suarez, à qui vous avez écrit. Y a-t-il un autre groupe ou chanteur pour qui vous écrivez aujourd'hui?
   Non je n’ai jusqu’ici écris que pour le groupe « Suarez ». Plastic Bertrand était aussi venu vers moi avec un projet de nouvel album mais qui ne s’est finalement jamais fait.  Peut-être qu’un jour mon éditeur me proposera d’écrire pour d’autres interprètes, qui sait… C’est toujours un exercice amusant qui me plait assez.
   Comment voyez-vous le rôle de la chanson belge dans l'ensemble de la musique en français?
-Je ne vois pas le rôle de la chanson en terme de chanson Belge ou Française mais uniquement en terme de chanson. Un agencement auditif, une pièce montée de notes et de mots, qui, qu’elle aie du sens ou non dans une certaine mesure, nous emmène ou nous ramène quelque part par le biais des mots,  de la musique, ou des deux. Certaines chansons fonctionnent comme l’hypnose, il y a les réceptifs et ceux avec qui ça ne marche pas. Une espèce de tour de magie en quelque sorte sauf que là il n’y a pas vraiment de truc, parfois il faut aller chercher la chanson, et parfois elle s’offre à nous. Pour ma part, si sur 20 personnes ou mille, seulement une a pu prendre du plaisir en l’écoutant même si ce n’est qu’à un moment de sa vie, je considère que j’ai posé ma brique. Les chansons sont à mon sens là pour divertir et pour peut-être faire oublier les soucis quotidiens pendant trois minutes un peu comme le chocolat est bon pour le moral. Ce sont comme des friandises en quelque sorte, tout depend si on préfère aller chercher un croissant à la boulangerie du coin ou aller manger au Macdo, c’est selon les goûts…
Quels sont vos projets pour les mois suivants, comment allez-vous promouvoir votre album et où pourrions-nous vous voir?
-Je serai au Centre culturel de Lessines le 13 Mars, chez Emile à Nil ST-Vincent le 27 Mars et au Jardin Passion à Namur le 09.05. Je serai aussi au Festival au carré à Mons le 3 juillet ainsi qu’aux Francofolies de SPA le 17 Juillet. Mon album sort normalement en France le 1 Mai.  J’espère aussi pouvoir y jouer de temps en temps, pour aller à la rencontre d’un public qui ne me connait peut-être pas. Toujours dans le but de prendre du plaisir, de jouer de partager de rencontrer, d’apprendre et de continuer à me consacrer sérieusement à des choses qui ne le sont pas vraiment. A savoir, survivre de ma passion de manière effrénée pour ne surtout jamais avoir le temps de me prendre au sérieux.


 


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